Dossier spécial: Au-delà du point de croix

Plusieurs l’ignorent, mais pas si loin du château se trouve le lieu de rassemblement de l’un des groupes de broderie les plus actifs et diversifiés du Royaume. Son histoire a commencé à la mercerie, où Bathilde, la femme du mercier, travaillait et brodait. C’est d’ailleurs à cet endroit que je la rejoins pour rencontrer la fondatrice du groupe et plusieurs des membres. « Une connaissance à moi vivait des moments difficiles. », me raconte Bathilde. « Je l’ai invitée à broder avec moi dans l’arrière-boutique, ça lui a redonné le moral. Quelque temps plus tard, elle est revenue avec une amie qui avait elle aussi besoin de se changer les idées. C’était le début du cercle de broderie. Maintenant, bien des gens se rassemblent dans l’arrière-boutique. Quand ça ne va pas chez eux, ils sortent et viennent ici. On peut les écouter et les aider à voir plus clair. »

Une autre femme prend la parole. « L’atmosphère n’est pas toujours sérieuse ni lourde, cependant! On est là quand il y a un problème, mais on parle aussi de tout et de rien. Et on rit beaucoup », affirme-t-elle en regardant sa voisine. « Lupienne, par exemple, elle nous fait rire avec les images qu’elle brode. Elle en a des idées! » La dénommée Lupienne lève la tête avec un sourire en coin « Voyons, je ne fais que broder des scènes de la vraie vie! », se défend-elle d’un ton malicieux. « Ah ça oui… » reprend l’autre. « Elle a un pot de chambre chez elle, eh bien imaginez-vous qu’elle a déjà brodé un portrait de son mari en train de l’utiliser! » Cet échange et le rire généralisé qui s’ensuit ne font que souligner l’ambiance de camaraderie qui règne.

Bathilde, la fondatrice du cercle de broderie, et Théopélina, une jeune enthousiaste.

La conversation continue, et je mentionne l’anniversaire de la reine et je vois une tête se tourner vers moi avec intérêt. Je m’approche de la jeune fille et m’aperçois qu’elle est en train de broder une œuvre de point de croix représentant les fleurs préférées de la souveraine. Ce n’est pas un hasard : elle est une grande admiratrice de la famille royale! Elle me confie avoir été bouleversée par l’enlèvement de la princesse Gisèle et avoir trouvé un certain réconfort dans la broderie ainsi qu’auprès du cercle.

À la fin de ma visite, je demande à Bathilde comment elle décrirait le groupe. « On a un point en commun, c’est la broderie. Tant qu’une personne veut broder, on va l’accueillir. » Je remarque qu’elle utilise le mot personne et je me rappelle qu’à mon arrivée, un jeune homme rangeait son matériel de broderie. « C’est une activité manuelle qui permet de s’exprimer », ajoute Bathilde, « et personnellement, je ne vois aucune raison de dissuader qui que ce soit de s’exprimer par la broderie. » Je repense aux personnes que je viens de rencontrer, et je me dis qu’en effet, ce serait bien dommage… Sauf peut-être pour la broderie à thématique de pot de chambre!

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