Emportez de la boustifaille avec vous, même si votre voyage prévoit être court. Si malgré mes conseils et une bonne carte, vous réussissez à vous perdre, vous pourrez éviter de mourir de faim. Il y a beaucoup de choses à manger dans la forêt, mais à moins de savoir comment vous y prendre, vous aurez les mains et l’estomac vides.
Un grand nombre de champignons, plantes et baies sont comestibles, bien que plusieurs ne sont pas très savoureux – les patates sauvages font de l’excellent potage! – . Il y en a aussi beaucoup qui vous rendront malade, vous donneront des démangeaisons, des hallucinations. Certaines vous feront dormir et vous ne vous réveillerez peut-être pas. Si vous ignorez lesquelles sont bonnes et lesquelles ne le sont pas, évitez simplement d’en manger. Même les guides sur les plantes ne sont pas toujours très fiables.
Votre meilleure source de nourriture sera le poisson. Tous les poissons, petits et grands de la Terrible Forêt Verte peuvent être mangés. Il vous suffit de trouver un ruisseau, un lac, un étang ou une rivière où ils y sont toujours abondants; vous aurez, de toute façon, besoin d’eau pour survivre. À l’aide d’un bâton pointu, vous pourrez rapidement attraper un repas convenable dans les eaux peu profondes. Si vous n’arrivez pas à trouver un cours d’eau, vous pouvez trouver de quoi vous désaltérer au creu des feuilles de plusieurs grandes fougères – assurez-vous d’abord qu’il n’y ait pas de larve ou autres animaux putrides se prélassant dessus.
Si vous arrivez à en capturer, vous pouvez vous nourrir de petits animaux comme les souris, lapins et oiseaux. Au printemps et au début de l’été, grimpez aux arbres pour dénicher des nids remplis de délicieux oeufs.
La viande d’ours ou de loup est excellente, mais n’y songez même pas, car si vous avez besoin de consulter un guide de survie, vous n’avez pas ce qu’il faut pour occire ce genre de proies.

Manger des escargots pourrait être votre seule option pour survivre.
Si vous êtes vraiment perdus, morts de faim et que vous n’avez pas été en mesure de trouver autre pitance, capturez des escargots dans les sous bois humides. Ils sont facile à attraper, même pour les voyageurs les plus incompétents, et, bien qu’à mon avis, leur goût est repoussant, ils vous garderont en vie. Ne vous brisez pas les dents sur leur carapace, qui elle, ne se mange pas, comme tout le monde le sait.
Si vous vous retrouvez dans la forêt la nuit, ou décidez de faire une sieste durant le jour, pour reposer vos pieds las, faites-le dans un endroit sûr.
Pour les plus hardis, les petites clairières de la forêt sont généralement des lieux agréables où se reposer, quoique très exposées. Si vous choisissez d’y dormir sous les étoiles, assurez-vous de faire du feu dans une crevasse ou une fosse creusée, pour éviter d’attirer l’attention. Si vous êtes nombreux, instaurez un tour de garde, car des voyageurs endormis sont une proie facile.
Pour les hardis prudents, vous bâtir un abri à l’aurée d’une clairière constitue un choix un peu plus sûr. Coupez des branches avec leurs feuilles et plantez-les légèrement penchées les unes contre les autres. Mettez-en quelques épaisseurs, attachées avec de la corde pour vous faire un bon abri contre la pluie, le froid et les regards.
Pour les paresseux, cherchant un coin pour dormir assez sécuritaire mais ne demandant pas grand peine, vous pouvez vous installer sous un grand pin aux branches basses. Entassez les aiguilles de pin près du tronc, vous y dormirez au chaud et au sec. Les branches vous camoufleront et la forte odeur des aiguilles aidera à ne pas vous faire flairer par certaines créatures un peu plus bêtes que les autres.

Quel endroit comfortable pour se reposer!
Pour les plus agiles, les hautes séparations des branches des arbres sont très agréables pour une sieste. Hormis les oiseaux, et parfois, à l’aube, les fées, pratiquement aucune âme ne viendra vous y déranger.
Enfin, pour les plus poltrons, qui souhaitent seulement disparaître, trouvez-vous une grotte – il en existe plusieurs, de différentes tailles, dans la forêt. Un terrier abandonné de grande taille est aussi un bon choix. Assurez-vous bien sûr que l’un ou l’autre n’est pas habité – vous pourriez y faire de mauvaises rencontres. Une fois l’entrée scellée, vous y serez bien en sûreté. Prenez garde toutefois de ne pas la sceller complètement, vous risquez de ne plus vous y retrouver dans le noir et d’y rester coincé, pendant longtemps peut-être.
Maintenant que vous avez une idée de comment survivre dans cette Terrible Forêt Verte, évitez d’y traîner sans raison. Si vous devez la traverser, faites-le promptement, sans tambour ni trompette. Car, plus vous y passerez de temps, plus vous serez en péril, et, comme les autres habitants de la forêt, je déteste le bruit et les nouveaux voisins.